L’anthropologue, écrivain et artiste polynésien Jean-Marc Pambrun est mort le 12 février à Paris à l’âge de 57 ans. Son nom marquait sa double ascendance, père originaire de l’île de Ra’iatea (Polynésie française), mère d’ascendance ariégeoise et bretonne.
« Jean-Marc Pambrun était un intellectuel engagé, ardent défenseur de la culture. Sa dépouille sera rapatriée dans les jours qui viennent sur le fenua » (Les Nouvelles de Tahiti).
“Je crois que l’on ne se rend pas compte encore que l’on vient de perdre un des rares intellectuels polynésiens”, confie Heremoana Maamaatuaiahutapu, directeur de la Maison de la culture de Tahiti (La Dépêche de Tahiti).
Réaction de Gaston Tong Sang, président de la Polynésie française :
« Exerçant jusqu’à son décès les fonctions de directeur du Musée de Tahiti et ses îles, Jean-Marc Pambrun, était un homme d’idée et de réflexion, totalement investi dans l’action au service d’une cause, le développement culturel et artistique de son Pays. Ethnologue, écrivain et artiste, féru de culture polynésienne, il n’en était pas moins passionné par l’art contemporain qu’il affectionnait tout particulièrement. A n’en point douter, Jean-Marc laisse un grand vide dans le paysage polynésien et marquera à jamais l’histoire et la culture de notre Pays.
Son portrait par Vaite Urarii le site littéraire Île en île :
« Personnalité dérangeante autant par ses actes que par ses écrits, (…) il a porté la contestation dans de nombreux domaines de l’activité polynésienne : culture, recherche, enseignement, environnement, syndicalisme, journalisme… , Autant de facettes qui font de cet humaniste et intellectuel engagé, un auteur à part et créatif qui écrit dans les genres les plus divers : pamphlétaire, conteur, poète, essayiste, dramaturge, auteur de nouvelles. Par son éclectisme déroutant, il reste pour le moment un auteur inclassable. »
« Sans doute son engagement social a-t-il quelque peu ralenti une carrière d’auteur qu’on aurait voulu plus abondante. », écrivait Jean-Loup Ra’iatea Pambrun en 2002 dans la revue Litterama’ohi.
L’hommage de Julien Gué dans Suite 101 :
« S’il a effectué l’essentiel de son parcours professionnel dans le monde de la culture, y occupant d’importantes fonctions, ses fortes convictions et sa personnalité entière lui ont valu un parcours chaotique dû, pour l’essentiel, à son refus des compromissions et du silence.
Ainsi, au fil des années, il a alterné les périodes de disgrâce avec des fonctions majeures : directeur du département des traditions du Centre Polynésien des Sciences Humaines, chef du service de la culture de la commune de Faa’a, directeur de la maison de la culture de Papeete, conseiller auprès du gouvernement local à deux reprises, pour finir par être nommé, en août 2005, directeur du Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha.
Son franc parler lui valut d’être limogé à deux reprises par deux ministres de la culture du président Flosse. Pour indocilité… »
Les origines sont au cœur de ses premiers écrits : La Fondation du marae – La légende du Scolopendre de la Mer Sacrée (1998), comme de son dernier texte publié le 9 janvier sur son blog, L’écriturien (notons l’autodérision), et titré Pour une généalogie de l’histoire anthropologique, philosophique et littéraire de la vision européenne de l’origine des Polynésiens, dont il se demandait « Pourquoi tant de disputes à propos de nos origines ? » et sujet d’un ouvrage en préparation, dont il publiait le premier chapitre.
Voir la Bibliothèque insulaire de Jacques Bayle-Ottenheim
