« Nous l’aimions. Moi, l’équipe toute entière du festival, les écrivains qui en forment la famille, et le public qui, à chacune de ses venues à Saint-Malo, se pressait pour l’écouter. Ce dernier l’avait véritablement découvert en 1997, lors de l’édition que nous avions consacrée aux littératures de la Caraïbe, et cette découverte fut pour tous un coup de cœur. Comme sa réflexion sur le « Tout Monde » rejoignait ce que nous développions à travers le festival depuis sa création, d’une « littérature monde » ! Les deux concepts ne se recouvraient pas comme certains ont pu le dire, tout simplement parce que leur généalogie différait. L’un partait du questionnement de tout ce qui constituait son identité antillaise, qu’il agrandissait sans cesse à travers les idées d’identités multiples, d’identité rhizome, de créolisation du monde (à ne pas confondre avec la créolité). L’autre partait de la situation de la littérature française, s’efforçait de l’arracher aux dogmes qui l’étouffaient pour l’ouvrir aux vents du monde.
Michel Le Bris, fondateur et directeur d’Étonnants voyageurs.
