Furcy force le respect

http://culturebox.france3.fr/player.swf?video=28840Découvrez Mohammed Aïssaoui, Prix du roman historique 2010 sur Culturebox !

Mohammed Aïssaoui recevra vendredi 15 octobre aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois le prix du roman historique 2010 pour L’Affaire de l’esclave Furcy (Gallimard). Ce journaliste du Figaro littéraire a enquêté quatre ans pour réunir toutes les pièces d’une affaire jusqu’alors présente dans la mémoire collective orale de La Réunion (l’Île Bourbon de l’époque), mais jamais écrite. Voir la chronique de France Ô et l’interview de l’auteur.

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Ce prix augure certainement de bien d’autres. Il est en lice pour les prix Femina essais, Renaudot essais, l’Interallié, le prix du Premier roman, le prix RFO du livre.

En 2005, un lot de pièces historiques est mis aux enchères à Drouot, qualifié ainsi : « Important dossier sur l’affaire de l’esclave Furcy qui réclame en justice sa liberté ». Les Archives départementales de la Réunion l’achètent pour 2 100 euros.

Ces pièces de justice racontent 27 années de procès depuis ce jour d’octobre 1817 où Furcy décide de porter plainte au tribunal d’instance de Saint-Denis pour exiger sa liberté. Du jamais vu dans l’île. L’esclave sera mis en prison par le gouverneur Desbassins. Fait rare dans l’histoire de l’esclavage, Furcy est un esclave lettré.

Mohammed Aïssaoui exhume dans ce livre passionnant le récit d’un esclave présumé, finalement reconnu libre par la Cour royale de Paris le 23 décembre 1843… seulement cinq ans avant l’abolition de l’esclavage.

Ce livre allie récit historique et travail de fiction romanesque. A l’image des marqueurs de parole antillais, Aïssaoui comble les vides de l’histoire par le travail du romancier. En cela, il est important. On pense immaquablement aux livres de Daniel Vaxelaire, dont le plus connu est sans doute Chasseurs de noirs (Flammarion puis Orphie)

L’autre intérêt de l’ouvrage est de mettre en lumière et de restituer à La Réunion et à l’histoire de France une figure de la lutte pour les droits de l’homme.

Troisième qualité : le livre est emblématique du rôle de l’histoire selon le point de vue des victimes et racontée par elles. Aussi, les historiens tiennent de plus en plus compte des révoltes d’esclaves aux côtés des récits des abolitions dites « accordées ».

Pour lire les premières pages du récit, consulter le site Gallimard.

Sur le passage de Mohammed Aïssaoui à La Réunion, lire La Réunion des livres.

Lire l’article de l’universitaire américaine Sue Peabody, dans la revue des Annales (juin 2009) : La question raciale et le « sol libre de France » : l’affaire Furcy. 

Lire l’ouvrage coordonné par Myriam Cottias, Alessandro Stella et Bernard Vincent, Esclavage et dépendances serviles (L’Harmattan, 2006), où est évoquée l’affaire de l’esclave Furcy, ou sa version en ligne.

En Haïti, au sud de la capitale, il existe un village Furcy, assez peu accessible si l’on en juge par cette photo remarquable, extraite du site Le paysan haïtien :

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