
Saluons la présence sur la Toile de Confluence, « revue francophone du Pacifique ». Publiée par les Éditions Haere Po de Tahiti, au rythme de deux numéros par an, en version papier et en accès gratuit sur le Net, cette « revue océanique d’expression française » est « consacrée d’abord aux littératures et aux arts, ainsi qu’au questionnement philosophique et anthropologique qui traverse le monde contemporain. La revue entend devenir le lieu de convergence de diverses sources, l’espace de confrontation de langues multiples, à l’image de l’Océanie d’aujourd’hui.
Après son premier numéro, dont le cahier central était consacré à De la culture, avec des contributions en provenance des Antilles, de la Nouvelle-Calédonie et la collaboration de nombreux amis de Polynésie et d’Europe, ce deuxième numéro consacre son cahier central à la traduction. » Inspirée de la célèbre vague de Hokusai, l’œuvre de couverture est signée Andreas Dettloff.

Selon Riccardo Pineri, rédacteur en chef de Confluence, universitaire, philosophe de formation et spécialiste d’esthétique, marin-pêcheur et agriculteur des îles Sous-le-Vent (Confluence n°1, 2009) :
« Le lancement d’une revue francophone du Pacifique présuppose une acceptation, exprimée par le mot de « confluence », de la convergence de sources multiples, de la confrontation de langues multiples, un respect pour leurs diversités, l’attitude de recevoir et en même temps la volonté de donner. (…)
Dans ce titre, l’accent est mis sur la persistance de ce qui s’échange et se mêle sans se perdre, comme les rivières d’eau douce qui gardent longtemps leur spécificité avant de converger et de s’identifier aux vastes étendues marines. Il y a là l’indication d’une forme d’hospitalité et d’amitié, une image qui donne à penser comme toute image véritable, qui n’oublie pas les remous et les entrelacs dont elle tire son existence. La fidélité aux sources diverses, le goût des croisements féconds et la reconnaissance des apports mutuels, définissent le programme de Confluence. Les différentes provenances des contributions et l’ouverture à d’autres espaces (l’océan Indien, l’océan Atlantique, les Antilles, l’Europe « aux anciens parapets ») vont sous le signe de l’amitié et de la volonté de partage. Cette volonté a été récemment affirmée par des écrivains comme Le Clézio, Gary Victor, Edouard Glissant qui, reprenant l’indication de Goethe d’une « littérature universelle », prônent le renouveau d’une « littérature-monde » comme antidote aux enfermements ethniques. Faisant de la langue française le lieu de cette convergence, la revue entend développer une « pensée-monde », ouverte aux esprits bienfaisants et aux saveurs salines du vent océanique. (…)
Riccardo Pineri est à l’origine d’une « soirée de lectures poétiques d’ici et d’ailleurs » à la Maison de la culture de Papeete, ce mercredi à 19h. On nous promet notamment une lecture du Bateau ivre de Rimbaud, en langue tahitienne par Valérie Gobrait ou Mers du Sud de Cesare Pavese, traduit en tahitien par Hiriata Millaud, et qui commence ainsi :

« Un soir nous marchons le long d’une colline,
en silence. Dans l’ombre du crépuscule qui s’achève,
mon cousin est un géant habillé tout de blanc,
qui marche d’un pas calme, le visage bronzé,
taciturne. Le silence c’est là notre force.
Un de nos ancêtre a dû être bien seul
– un grand homme entouré d’imbéciles ou un malheureux fou –
pour enseigner aux siens un silence si grand. »
Notre carton d’invitation précise : entrée libre. Comment refuser ?

