Le poète palestinien Mahmoud Darwich, né il y a 67 ans en Galilée, est décédé au Texas à la suite d’une opération du coeur à l’âge de 67 ans.

Cette anthologie personnelle au titre magnifique comporte une préface de Darwich lui-même avec pour titre connexe » Le lieu de l’universel « . Ce lieu c’est la poésie et la langue arabe…
Extrait de la préface :
» Je suis celui que l’on désigne comme ‘ le poète de la Palestine ‘, et l’on requiert de moi de fixer mon lieu dans la langue, de protéger ma réalité du mythe et de maîtriser l’une et l’autre, pour être tout à la fois partie de l’Histoire et témoin de ce qu’elle m’a fait subir. C’est pourquoi mon droit à un lendemain requiert révolte contre le présent et défense de la légitimité de mon existence dans le passé. Mon poème se retrouve ainsi changé en preuve d’existence ou de néant. «
La terre nous est étroite, poème écrit en 1986, qui donne son titre à l’anthologie :
La terre nous est étroite. Elle nous accule dans le dernier défilé et nous nous dévêtons de nos membres pour passer.
Et la terre nous pressure. Que ne sommes-nous son blé, pour mourir et ressusciter. Que n’est-elle notre mère
Pour compatir avec nous. Que ne sommes-nous les images des rochers que notre rêve portera,
Miroirs. Nous avons vu les visages de ceux que le dernier parmi nous tuera dans la dernière défense de l’âme.
Nous avons pleuré la fête delerus enfants et nous avons vu les visages de ceux qui précipiteront nos enfants
Par les fenêtres de cet espace dernier, miroirs polis par notre étoile.
Où irons-nous, après l’ultime frontière ? Où partent les oiseaux, après le dernier
Ciel ? Où s’endorment les plantes, après le dernier vent ? Nous écrirons nos noms avec la vapeur
Carmine, nous trancherons la main au chant afin que notre chair le complète.
Ici, nous mourrons. Ici, dans le dernier défilé. Ici ou ici, et un olivier montera de
Notre sang.
Lors du Festival » Les Suds à Arles « , le 14 juillet dernier, Mahmoud Darwich rappelait qu’il voulait être lu comme un » poète « , non comme une » cause « . Ici, Darwich, le deuxième en partant de la gauche est entouré de Wissam Joubran et Didier Sambre et Samir Joubran.

A noter : Mahmoud Darwich, la terre comme langue est un documentaire de la série Un siècle d’écrivains, réalisé en 1997 par Suzanne Bitton et Elias Sanbar.
