Le Petit Chaperon Vert (atelier d’écriture)

Ce petit livre est un sacrément bon petit livre aux dizaines de variations sur le même thème du conte de Perrault. Coordonné par Pierre Jourde, il résulte du travail avec des étudiants de Valence… Chacun de ces étudiants s’est inspiré des Exercices de style de Raymond Queneau, vous savez, cette histoire, dont l’une des versions est :

« Un jour vers midi du côté du parc Monceau sur la plate-forme arrière d’un autobus à peu près complet de la ligne 84, j’aperçus un personnage au cou fort long qui portait un feutre mou entouré d’un galon tressé au lieu de ruban. » Une histoire racontée de 99 façons différentes… 

Donc, si l’on reprend dans l’ordre :

Queneau écrit ses Exercices de style ; Jourde fait travailler ses étudiants qui rédigent 64 façons différentes d’écrire Le Petit Chaperon rouge ; le relais c’est pour mésigue qui s’en empare à son tour, tendance variations intemporelles avec d’autres amateurs d’écriture au long cours… Qui sait ce que d’autres en ont fait, en feront…

La preuve par l’exemple que, Grenelle de l’environnement ou non, les ateliers d’écriture ont du bon. Ainsi ce texte signé Pascale Pibot, Le Petit Chaperon Vert.

 » Une mère et sa fille vivaient dans une maison loin d’obéir aux règles de Haute Qualité Environnementale (HQE). La fille portait régulièrement un foulard vert en coton bio, acheté dans un magasin équitable, d’où son nom : le petit chaperon vert. Un jour, la mère qui faisait exclusivement de la cuisine végétarienne, confia à sa fille le soin de porter à sa grand-mère une galette de farine d’épeautre et un pot de beurre enrichi en oméga 3. Le petit chaperon vert partit à pied, seul moyen de transport véritablement écologique. Même le VTT avait été interdit en forêt, afin de ne pas contribuer à l’érosion des sols.   En chemin, elle rencontre un des derniers survivants des canidés sauvages, figurant à l’annexe I de la Convention de Washington : un loup gris. Depuis la vague d’extinction des ruminants herbivores, contaminés par la pollution au mercure des rivières et des fleuves, le loup peinait à se nourrir. Il était donc affamé. La petite fille, qui avait toujours rêvé de travailler pour la biodiversité, était ravie. Elle joua avec le loup et finit par l’apprivoiser. Le loup, qui avait conservé son instinct de prédateur, décida cependant de ne pas la manger tout de suite quand il comprit qu’il ne pourrait pas échapper aux acteurs de la déforestation qui œuvraient aux alentours. La petite fille continua tranquillement sa randonnée dans le parc régional avant d’atteindre sa destination. Elle put ainsi faire un inventaire de la flore locale, pourtant sérieusement menacée depuis la maladie des abeilles due à un insecticide violent.  Quand elle arriva chez sa grand-mère, elle toqua à la porte en bois labellisé renouvelable. En pénétrant dans la maison, elle fut surprise de trouver sa grand-mère enfouie sous une couette anti-acariens. A cause du réchauffement climatique, la température était en effet très élevée et la climatisation avait été interdite. A la demande de sa grand-mère, elle se coucha auprès d’elle et commença à la détailler : son anatomie la surprit : elle était en effet couverte d’une pilosité noire très abondante. Mais le petit chaperon vert mit cette bizarrerie sur le compte des résidus hormonaux ingérés par sa grand-mère dans son ancien régime à base de viande, heureusement abandonné aujourd’hui. Ce ne fut que quand le loup ouvrit la bouche et lui montra ses grande dents qu’elle comprit. 

Pour une fois, la nature se vengeait de l’homme en faisant disparaître un humain avant qu’il ne se reproduise. Un moyen naturel de lutter contre le problème démographique actuel. « 

Le petit chaperon vert

Certains se souviendront peut-être d’une autre version au titre identique, signée Grégoire Solotareff, Le Petit Chaperon vert, paru à l’Ecole des loisirs en 1989, illustré par Nadia. Ce n’était pas un vert écologique mais un vert de couleur… 

La Bibliothèque nationale de France présente cette variante dans ses dossiers pédagogiques, http://classes.bnf.fr/, à côté d’un Petit Chaperon bleu marine…

 » Cette version [Solotareff, Le petit Chaperon vert] s’ouvre sur une histoire de couleur de capuchon : vert pour l’héroïne, jaune pour sa sœur, bleu pour sa meilleure amie et rouge pour son ennemie détestée  » parce que c’était une menteuse « . Comme sa grand-mère est malade, le petit chaperon vert part lui donner des médicaments et  » des bonnes choses à manger « . Dans la forêt, elle rencontre le petit chaperon rouge qu’elle ne salue pas, qui porte également un panier, puis  » un énorme loup noir «  courant à vive allure sans se préoccuper de la fillette. Celle-ci arrive chez sa grand-mère et lui raconte l’aventure. Sur le chemin du retour, elle retrouve le chaperon rouge, la met en garde contre ce qui peut lui arriver, mais le chaperon rouge ne s’en soucie guère. Cependant, la mère du petit chaperon vert est inquiète et demande à sa fille de raccompagner son ennemie chez elle car  » toi, habillée en vert, avec ton chaperon vert parmi les hautes herbes vertes de la forêt verte, tu ne risques pas grand-chose et c’est d’ailleurs pour ça que je t’habille toujours en vert « . Le chaperon vert s’exécute et croise alors un convoi de chasseurs portant un loup mort, accompagné du chaperon rouge chantant sa mort et sa résurrection… : le chaperon vert et sa mère concluent au mensonge. «  

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