Driss Chraïbi est mort à l’âge de 81 ans dans la Drôme où il résidait. Il avait écrit, entre Maroc et France, une vingtaine de romans, du Passé simple (1954) à L’Homme qui venait du passé (2004), en passant par La Civilisation, ma Mère!…
(1972).
On lira avec profit ses livres comme les blogs qui lui sont consacré, comme celui-ci , où l’auteur lui-même répondait à ses admirateurs.
A lire aussi cet entretien avec Abdelsalm Kadiri, du journal marocain Tel Quel :
« Quelles sont les relations que le Maroc entretient avec moi, le vieux Driss, Ba Driss ? Suis-je une sorte d’alibi ? Un espoir ? Un réveilleur de consciences ? Je n’en sais rien. En aucun cas, je ne voudrais être un conformiste, un parvenu, quelqu’un d’arrivé. à la question : Est-il arrivé ? Bernard Shaw répondait : oui, mais dans quel état ! Cette question appelle un certain développement hors contexte. Tout homme est appelé à mourir. Où souhaiterais-je être enterré ? La réponse vient d’elle-même : au Maroc. C’est une question extrêmement émotionnelle qui est là : le rattachement au pays. Pas le pays aux montagnes, au sable chaud, et au beau désert. Ce sont les gens qui me bouleversent. Je suis dépositaire de tous les espoirs et de toutes les désillusions de mes ancêtres. Ils ont tous déposé leurs rêves dans mon sang. La langue française, quant à elle, a été un réactif, une distanciation par rapport à mon pays et à moi-même. Cela a élargi mon horizon mais je reste très attaché à mon pays. Ce qui me touche le plus, ce sont ces jeunes, dial el médina, qui m’accueillent, comme à Oujda, il y a deux ans. Ils m’interrogent, les yeux pleins d’attentes et avec un appétit de croire qui tourne à vide. Parfois, je suis pris à la gorge. Que leur répondre ? »

