Ernest Pépin, poème en hommage aux Passagers des vents (Haïti)

 

Deuxième contribution d’une série haïtienne publiée sur la semaine, pour envisager 2012 sous les meilleurs auspices…

Les Passagers des vents est une résidence artistique et littéraire à Port-Salut (Sud d’Haïti), dont nous avons relaté les ambitions dans un documentaire, Haïti, pays réel, pays rêvé, et dans Papalagui. Le texte qui vient est un hommage d’Ernest Pépin (Guadeloupe) à James Noël (Haïti), instigateur de la résidence.

Passagers des vents

Et de toute géographie souterraine

Nous glanons d’immenses voyances

Et honorons la vertu des sables aériens

Il n’est griffures qui vaillent ni gommiers ni mémoires

Seules les boues ont gardé nos empreintes

Nous parlons le magma et la turbulence folle

De ces courants d’hommes

Au grand charroi des îles

N’était-ce l’amandier et son parasol de rêves

Ou l’oiseau foudroyé de vivre son voyage

Notre voix va au vent tremblant

Des fougères sacrées

Tant de boucans nous guettent aux haltes

Tant de langues se perdent aux feuillages

Mais sur la jetée des vents d’ailleurs

Et d’ici

Nous hâlons le coutelas des tempêtes

Le lieu est mémoire

Comme gouffre de lumière

Où nous naviguons à hisser nos élans

Chavire grand ciel

Les étoiles nous sont rumeurs de prophètes

Par tous vents nos jardins s’émerveillent

Là-haut l’île suspend sa crinière

Voyageur des vents souffle les mots

Acquitte-toi des frontières

Ô vents des mots

Lavez l’écorce et le champignon des songes

Là-bas m’attend une auberge marine

Salaison de mots

Et conteurs en veille

Et paroles d’embruns

Et compère Soleil

Ceux qui s’en viennent sont de connivence

Plumes que laissent les voyageurs des vents

Aux pirates et aux dieux

Ernest Pépin

Faugas/ Lamentin, le 30 décembre 2011, publié sur sa page FB.

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