La presse a fait ses choux gras de cette histoire venue du Malawi où un ministre voulait interdire le pet en public. La proie était d’autant plus tentante que le pays ne défraie généralement pas la chronique et que seule une adoption d’enfant par Madonna semble le tirer épisodiquement de l’anonymat.

George Chaponda, ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles, était, semble-t-il, glorieux comme un pet (la langue française sait naviguer vent debout) quand il a déclaré sur Capital radio Malawi : « C’est le droit du gouvernement de maintenir la décence publique. C’est à nous d’imposer l’ordre. Voulez-vous que les gens pètent n’importe où ? ».
Excepté Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut qui en 1751 publia d’abord anonymement (signe d’une passion inavouable), L’art de péter, personne ne veut que « les gens pètent n’importe où ».

Parti comme un pet sur une toile cirée, l’histoire ne pouvait s’arrêter là. Elle devint fable.
Dans cette ancienne colonie britannique aux lois ultra-conservatrices, le Malawi a par exemple longtemps interdit aux hommes de porter les cheveux longs ou aux femmes de se vêtir de pantalons, sous peine de prison.
Or, une vielle loi coloniale peu banale de 1929, sous le titre de « Souiller l’Air », stipule: « Toute personne viciant l’atmosphère en tout endroit où telle activité s’avèrant nocive pour le public ou pour la santé des occupants du domicile ou des personnes commerçant dans le voisinage ou bien empruntant une voie publique, se rend coupable d’un délit ».
Depuis les premières déclarations de son ministre anti-pets publics, le Parlement a adopté le projet de loi par 103 voix contre 37, rapporte le Ngaza Times.
Pour éviter une amende pour un pet de travers (qui serait bien difficile à prouver par la maréchaussée malawite), les péteurs devront-ils réserver leurs plus beaux effets pour les toilettes ?
A bien examiner les débats, force est de constater que Georges Chaponda doit se sentir un peu péteux.
Anthony Kamanga, qui est Conseiller auprès du ministre de la justice, a porté le pet en déclarant que son ministre « n’avait pas compris le projet de loi « Souiller l’Air » (version 2011) : il s’agit de réglementer le fait de brûler des pneus ou des ordures ».
Morale de la fable : au Malawi, un député a assuré que le cas de ce ministre n’est pas unique. « Beaucoup d’autres n’ont rien dans la tête », a-t-il osé. Autrement dit, quand un ministre malawite a atteint son principe de Peter, tout le monde en parle.

