Convoitise ? Aide désintéressée ? Philanthropie ? La culture haïtienne attire à son chevet des fonds considérables. Derniers en date, ceux de Smithsonian, l’une des plus grandes institutions culturelles américaines qui gère 19 musées, 6 centres de recherche et détient plus de 136,5 millions d’objets et de spécimens du patrimoine américain.
Smithsonian entend ouvrir un centre en Haïti, qui comprendra « un laboratoire ainsi que tous les instruments pour la réparation et la stabilisation des objets culturels publics ou privés » rapporte Alterpresse. Ce centre servira également à la formation de jeunes haïtiens aux techniques de restauration.
Le projet, de plusieurs millions de dollars américains et dont la date d’achèvement est prévue pour le 11 novembre 2011, devrait attirer des centaines de spécialistes étrangers dans le pays au cours des 18 prochains mois, selon Richard Curran, vice président de Smithsonian, qui a signé le 24 mai avec Marie Laurence Jocelyn Lassègue, ministre de la culture et de la communication un protocole « sur la sauvegarde des biens et objets culturels haïtiens ».
L’UNESCO avait déjà appelé au lendemain du séisme du 12 janvier « à interdire provisoirement le commerce d’objets d’art et d’artisanat haïtiens, afin d’empêcher des oeuvres issues de pillages de quitter le pays. »

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, avait annoncé le 12 février que le Centre de recherche et de restauration des musées de France assurera à Port-au-Prince la restauration du tableau « Serment des ancêtres », peint en 1822 par Guillaume Guillon Lethière.Retrouvé par les pompiers français dans les ruines du palais présidentiel, le « Serment des ancêtres », est »un tableau hautement symbolique pour les Haïtiens et pour la démocratie, affirmait le communiqué du ministère de la culture. Offert à la jeune République d’Haïti par le peintre né en Guadeloupe d’un père colon et d’une mère esclave, il représente la rencontre entre le général noir Jean-Jacques Dessalines, lieutenant de Toussaint Louverture, et le chef des mulâtres de Saint- Dominique, Alexandre Pétion. Cette rencontre marqua le début du processus qui mena à l’indépendance d’Haïti, en 1804. »
Par ailleurs, le Grand Prix culturel 2010 de la Fondation Louis D., d’un montant de 750 000 euros, a été attribué à Bibliothèque sans frontières, selon un communiqué à lire sur le site de l’ONG. Il sera remis le 9 juin à l’association.
L’investissement de Smithsonian comme les engagements de la France montrent que la question culturelle en Haïti n’est pas seulement affaire de symboles ou de paroles fortes (« C’est la culture qui nous sauvera », avait lancé l’écrivain Dany Laferrière). La culture est aussi une question de leadership entre les nations riches.
