Melovivi, de Frankétienne, vue par Théodat et les Portauprinciens

« Le spectacle dure deux heures pleines. Le ciel reste menaçant, mais c’est de bonne guerre : entre la crainte perceptible dans l’air d’une énième secousse, et l’habitude vespérale d’une ondée brève et vive, le propos de la pièce est en parfaite résonance avec les préoccupations du moment. Certains ont perdu un parent dans le séisme. Ils sont venus quand même. D’autres ont perdu leur maison, ils sont venus quand même. Certains sont venus de Pétion-Ville et de Carrefour, à l’autre bout de la ville, malgré la pénurie d’essence qui paralyse la circulation automobile. Certains avaient des choses plus urgents à faire, des plaies plus urgentes à panser, des blessures plus graves à soigner. Ils sont venus quand même. Certains enfin ont le cœur si gros que sortir était déjà une gageure…

Ils sont venus écouter le poète, car il est une loi que tout deuil partagé est en partie soulagé. »

extrait du blog de Jean-Marie Théodat, billet du 28 avril.

Jean-Marie Théodat, 48 ans, est professeur agrégé de géographie et maître de conférences à l’Université Paris 1 – La Sorbonne. Après plus de trente ans passés à Paris, il a décidé après le séisme de revenir vivre en Haïti, et d’aider à remettre sur pied l’enseignement supérieur. Il est rentré le 7 avril à Port-au-Prince. Il raconte sa réinstallation au jour le jour.

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