Haïti au risque de l’humanitaire

Aider Haïti mais comment ? L’humanitaire doit-il noyer le pays sous des norias de vivres ?

Le coordinateur des Nations unies pour l’aide humanitaire, John Holmes, a dû reconnaître l’authenticité d’un e-mail dans lequel il critique sévèrement les défaillances et le manque de coordination des agences de l’ONU et des ONG destinataires de ces fonds. Dévoilé par la revue Foreign Policy, ce courrier rappelle aux agences humanitaires qu’il reste « des besoins humanitaires énormes non satisfaits ».  (Le Monde, 20/02/10)De son côté, dans Le Nouvelliste repris par Courrier international, Gary Mathieu, directeur de la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (CNSA) juge dans le domaine particulier de l’agriculture qu’une « distribution désordonnée ne tient pas compte de la production locale alors que celle-ci est en augmentation constante depuis 2009. » Ce responsable est « persuadé que l’arrivée massive de l’assistance va constituer un frein à la production de légumes » en dehors de la capitale, Port-au-Prince.« Haïti : des milliards et après ? » se demandait dans Le Monde du 17 février, Nesmy Manigat, directeur Amérique Latine-Caraïbes de l’ONG Aide et Action :« On se souvient de l’embargo économique de 1991, imposé par les « pays amis d’Haïti » pour restaurer la démocratie suite au coup d’Etat militaire qui a renversé le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide. Cette solution, à l’époque, a fini par tuer un secteur économique déjà très affaibli et fait baisser le niveau de certains indicateurs de développement. Depuis cette période, une « économie de l’humanitaire » s’est substituée peu à peu à l’économie « réelle », d’initiative privée. »Comme disait une conseillère du ministère de la culture haïtien, de passage à Paris il y a deux jours : « il est urgent de penser ». 

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